http://www.timesonline.co.uk/article/0,,1072-2202054.html
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Le Monde Diplomatique est un des plus beaux fleurons du journalisme de gauche et ses diatribes constantes, ses excursions au bout de la nuit de la critique, présentant le capitalisme libéral comme le responsable de tous les maux de notre société influencent profondément les points de vue. Si le Diplo se montre critique avec le capitalisme, posture aisée, il est plus rare de le voir exulter et de montrer quelques notes pleines d'espérance. A ce titre le Vénézuela du commandant Chavez est un exemple phare où depuis plusieurs années le monde diplomatique se montre dithyrambique. Cela est l'occasion de voir à quelle forme de société ses journalistes fondateurs aspirent, eux qui se montrent sans pitié avec les tactiques impérialistes des états tout en réclamant une plus grande concentration et redistribution sous l'égide de ceux-ci. Nous allons pour ce faire opposer la vision de Maurice Lemoine qui défend la révolution bolivarienne à Daniel, blogueur détaillant les errements de la société bolivarienne depuis plusieurs années. Ensuite nous assemblerons à la manière d'un jeu de type "cadavre exquis" les points de vue, pour voir les leçons que nous pouvons tirer de cette confrontation brute de fonderie. Notons que Daniel n'a rien d'un ultra-libéral ni même d'un cowboy de droite. Il est plutôt social-démocrate. Ce francophone préférait largement Hollande à Sarkozy lors des dernières élections.
A partir de ces affirmations contradictoires que nous n'allons pas dénier, tentons de dégager quelques principes généraux qui pourraient s'appliquer à d'autres situations.
Par un simple jeu de cadavre exquis, nous obtenons quelques-unes des assertions suivantes.
Lorsque l'état redistribue avec la manne pétrolière, par exemple en augmentant les retraites, en subventionnant la politique d'éducation, en bâtissant des logements neufs, la pauvreté régresse et les inégalités diminuent en valeur relative. Transformer durablement un pays signifie augmenter la dépendance des citoyens vis à vis de l'état en subventionnant de multiples activités, en annihilant la création d'entreprise privée et en gérant l'appareil productif. (Lemoine) |
Lorsque la centralisation autour de l'état augmente, la corruption augmente. |
Lorsqu'un état centralisateur a pris le pouvoir durablement, il est très difficile sans paraître ridicule d'avancer des arguments insistant sur la décentralisation, l'autonomie et la privatisation... L'opposition semble condamner à se positionner au centre gauche... |
Lorsque la pauvreté et les inégalités régressent, grâce à la centralisation autour de l'état, la délinquance ne diminue pas, elle augmente. |
Lorsque les produits de base sont subventionnés, ils engendrent l'inflation. |
Lorsque les services de base sont subventionnés, ils se dégradent. |
Lorsque l'état redistribue la richesse, la délinquance augmente, les services publics de base se délitent. |
Lorsque l'état centralise la gestion du système de santé, la qualité des soins de base régressent. |
Lorsque l'état augmente la dépendance des citoyens par une centralisation accrue par exemple, la réélection de l'équipe dirigeante en est facilitée. |
Pour permettre sa réélection tout en maintenant la liberté de la presse, un état doit personnaliser le pouvoir et tenir les rennes de la justice. |
L'opposition directe entre les deux visions me paraît riche d'enseignements. Les aphorismes qui s'en dégagent sont à méditer. Quant un partisan de Chavez parle de diminution des inégalités, un social démocrate modéré parle de dégradation des services de base. Quant un partisan parle d'entreprise sociale, le modéré parle de pénurie. Quant un partisan parle de sécurité sociale, le social démocrate modéré parle d'effondrement des soins primaires. Quand un partisan parle de révolution démocratique, le social-démocrate parle de descente dans la barbarie pure et simple.
A chacun de choisir son modèle de société, car au moment de déposer son bulletin dans l'urne, il n'y a que parfois deux choix possibles.
La période actuelle avec la figure de Hollande et l'engouement pour Mélanchon me replonge dans les années 70 ou 80, ou je ferraillais, même si j'avais le coeur à gauche, pour défendre le capitalisme américain face à l'impérialisme soviétique que mes amis de gauche renvoyaient à l'époque dos à dos. Je me souviens de cette belle intervention de Rocard, responsable du PSU, qui avait dit avec courage à l'époque. "Entre la Russie et l'Amérique, je choisis l'Amérique." Je me souviens des harangues de Marchais. Mélanchon est son reflet, dépouillé des oripeaux du parti et de l'ouvriérisme.
Avec Mélanchon et Hollande, la gauche retrouve l'ardente fièvre des possibles. Je repense à ce livre de Jean-François Revel "La grande parade". La ferveur de gauche malgré les démentis de la réalité ne s'est jamais étiolée en France. Les communistes ne se sont jamais tout à fait amendés. Cette fièvre tournée vers un avenir idéalisé est son moteur essentiel. Même si en matière d'expérience, on a du mal à trouver des réussites probantes, la gauche française propose de soigner le mal par de plus grands maux encore, en se targuant de faire le bien. Elle est la plus créative des gauches du monde. Elle a inventé en quelques années : l'Altermondialisme, le Anti(Néo)libéralisme, l'Indignation. Ces notions aussi essentielles et sans doute bien vaines sont établies dans le langage courant. Ce nouvel éclairage sur le monde ne semble pas encore avoir propulsé notre pays vers un meilleur avenir. Ses prophètes sont, par exemple, le quarteron discret de généraux du Monde diplo qui se plaint de l'ostracisme des médias à travers les "nouveaux chiens de garde". On peut compter en plus Alain Badiou, Stéphane Hessel et bien d'autres encore. Devant cette gauche si créative, qui joue des coudes sans se laisser effleurer par le doute, produit parfois de l'université française, la droite est hypnotisée. Elle s'en inspire souvent : impôts, taxes, règlementations multiples... car entre constructivistes, on trouve un terrain d'entente. Même le libéralisme, au mépris de l'histoire, semble frayer avec le fascisme et l'autoritarisme. Ainsi, même si la gauche perd les élections, sur le plan du marketing des concepts et du marché des idées : chapeau bas !
Goucho membre du conseil scientifique d'INEGAL
Pigiste au Monde Platonique,
Conseiller d'Antialternatives philosophales,
Professeur émérite à l'université de Paradis...
C’est pourtant au nom de l’efficacité économique que le pied néo-libéral fut mis dans la porte de notre modèle social. La porte est désormais grande ouverte à la tempête néo-conservatrice qui, en mettant fin au CDI et en s’attaquant prochainement au SMIC, veut balayer irréversiblement deux symboles forts du plein-emploi keynésien…
Liêm Hoang-Ngoc Maître de conférences à l’Université de Paris I.
Nous sommes contre cette mondialisation parce qu’elle organise une gigantesque opération de captation de la richesse produite par les travailleurs à travers le monde.
Michel Husson Administrateur de l’ INSEE, chercheur à l’ IRES
La libéralisation des échanges a d’abord répondu à un principe instrumental, mais le problème c’est que la construction européenne a muté endogènement en cours de route, et d’un usage sagement instrumental, on est passé à une vision, je dirais, intransitive de la libéralisation des marchés, c’est-à-dire la libéralisation pour la libéralisation, la concurrence pour la concurrence, parce qu’elle est réputée être la forme supérieure d’organisation économique. Il y aurait beaucoup à dire là-dessus. Il y a des configurations historiques qui ont montré dans le passé que ceci était complètement faux. La construction européenne repose sur cet axiome, et je vous certifie que c’est le terme même que l’on retrouve dans des documents très officiels, sur cet axiome que pour accomplir le bien-être des populations, le bien-être matériel des populations, il faut en passer par la concurrence généralisée. Eh bien non, cet axiome est faux !
Frédéric Lordon (CNRS)